Je me réveille... 12 jours de supplice

Mercredi 4 décembre - L'opération est terminée, je me réveille en soins intensifs plus précisément je comate. Je ne me souviens pas de grand chose, juste un moment je vois Camille et Doudou, je ne vois pas Caro, je suis branchée de partout, des tuyaux dans tous les sens. Je suis complètement shootée et me rendors tout de suite. Grâce à la péridurale et à la morphine je ne souffre pas pour le moment. Mon doudou me dit que j'ai parlé, je ne me souviens de rien, j'étais tellement dans les vapes...

Samedi 7. Retour en chambre. Je suis affreusement fatiguée, dans un état second, j'ai du mal a penser et je ne fais que dormir. Heureusement que j'ai la pompe à morphine que j'actionne dès que je sens que la douleur arrive. La chirurgienne passe pour m'annoncer que l'opération s'est bien passée, qu'ils ont pu retirer toute la maladie. Elle m'informe que durant l'opération il y a eu section de l'artère rénale gauche qui a été ré-anastomosée par des points. Pas de danger, il faut juste surveiller pendant quelques temps. Elle m'explique également que j'ai fait un oedème pulmonaire, que c'est pour cela que j'ai l'oxygène. Ca fait beaucoup d'information d'un coup pour moi. Je ne retiendrai qu'une chose "l'opération c''est bien passée, j'ai retiré toute la maladie". Mon doudou et mes filles sont là.ainsi que mon frère, je ne me souviens pas vraiment.

Lundi 9. Je suis terriblement fatiguée. Je n'ai plus du tout de force, je ne peux même pas sortir un mot. On me retire les drains, la sonde urinaire et la morphine. C'est agréable de ne plus avoir ces tuyaux de chaque côté. Du coup, on me lève pour me mettre sur le fauteuil. Ca m'épuise, je me rendors aussitôt. Je garde la sonde nasogastrique qui est très désagréable, Je ne dois ni boire ni manger. J'ai très soif c'est affreux. Je suce à longueur de journée des compresses imbibées d'eau pour soulager ma soif et humidifier mes lèvres. J'ai mal dans le haut du ventre. Pour calmer la douleur on me donne en alternance le l'Acupan et du paracétamol. Ca ne vaut pas la morphine, ça calme un peu mais la douleur est toujours là. La chirurgienne passe tous les matins avec ses internes. Je lui dis que mon ventre est gros et douloureux. Elle me répond que c'est normal après une grosse opération comme ça. J'apprendrai plus tard que cette opération s'appelle un débulking lourd. Rien que le nom ça fait peur...

Mercredi 11. Chaque jour je reste un peu plus éveillée. Malgré la fatigue, je me lève chaque matin pour faire ma toilette au lavabo. Comme c'est laborieux d'aller du lit à la salle de bain. Assise sur un tabouret devant le lavabo, je mets un temps fou à me laver, chaque geste m'épuise, c'est horrible j'ai l'impression d'avoir 90 ans et de peser 100 kg. Mes jambes sont énormes, oedématiées malgré les bas de contention, c'est impressionnant. Je suis dans un état !!! Après la toilette, je m'installe sur le fauteuil jusqu'au déjeuner. Depuis plusieurs jours,mon ventre gonfle, jusqu'au jour où j'ai du mal à respirer et j'ai très mal en haut du ventre. J'attends jusqu'au soir pour aller faire le scanner, je n'en peux plus. De retour dans ma chambre, on m'annonce que j'ai le ventre plein de liquide, que je vais faire une échographie et qu'un interne va venir me ponctionner. J'attend, j'ai mal, je ne peux plus respirer... Il arrive ! M'enfonce une énorme aiguille là où l'échographe à fait une marque et c'est le soulagement, plus de trois litres de liquide dans le bocal. Je respire mieux, j'ai moins mal.

Le lendemain pareil, ventre gonflé, douleur et du mal à respirer, j'attend toute la journée pour refaire un scanner et une écho, et à nouveau ponction de plus de trois litres de liquide. Comme ça pendant plusieurs jours, je suis épuisée, le soir je n'en peux plus, c'est affreusement douloureux tant que je ne suis pas ponctionnée. La chirurgienne m'informe que c'est de la lymphe, que c'est une réaction normale après avoir enlevé tous les ganglions, ça devrait s'arrêter rapidement. Au bout de trois ou quatre jours elle me dit qu'elle préfère qu'on installe un drain avec une poche pour éviter les ponctions quotidiennes. J'avoue qu'avec ce drain c'est un véritable soulagement.

Vendredi 13. Toujours autant de liquide par jours, trois à quatre litres. Je souffre toujours et les forces ne reviennent pas vite. Je dors beaucoup, le moindre petit effort m'épuise. Aujourd'hui on décide de m'enlever cette sonde nasogastrique. Quelle joie, je n'en peux plus de ce truc dans le nez et la gorge. Je peux boire un peu, que c'est bon ! Dans la journée une infirmière vient me faire un soin, je ne vais pas bien, j'ai des nausées tout en essayant de le dire à l'infirmière, je me met à vomir un jet tout noir. Tout le monde s'affole, moi aussi, ça ne va pas du tout, j'ai mal au ventre et j'ai peur... Une infirmière me remet très vite une sonde dans le nez. On m'expliquera plus tard que j'ai fait une occlusion intestinale. Je n'en peux plus, je suis si fatiguée. J'ai très soif. Une infirmière me conseille d'acheter un brumisateur pour apaiser la sensation de soif. Je demande à Caro d'y aller et là c'est un vrai bonheur ! Que c'est bon de sentir ces minuscules gouttelettes sur mes lèvres et dans ma bouche.
C'est le week end, mon Doudou est reparti, mes filles, mon Philou et Marie ma copine passent me voir. Ils se concertent car je suis tellement faible que je ne peux pas avoir trop de monde en même temps. Je suis dans un tel état de fatigue... Même pas la force de parler, de lire ou d'envoyer un texto. Aller aux toilettes me demande un effort de dingue. Mon corps est lourd et douloureux. J'ai peur... j'ai l'impression que je ne remonterai jamais. Je suis si mal et si faible ça me fait peur...