En route vers... le néant...

Mercredi 13 novembre - Nous partons pour Paris en passant comme prévu par Nevers chez Nanou et Guy où nous resterons dormir. Camille a tenu à nous suivre, ce qui est normal. Nous ne nous sommes pas vus depuis longtemps et c'est la première fois que nous allons chez eux et que Doudou et Camille les rencontrent. Nous passons une très bonne soirée, ils étaient tellement contents de nous recevoir. Nous avons beaucoup parlé et surtout bien rigolé.
Le lendemain matin, départ pour Paris, nous passons chez Caro, nous mangeons ensemble et ils m'accompagnent à Villejuif où je suis attendue à partir de 14 h. Je m'installe, je crois que c'est la même chambre que pour la coelioscopie, toujours aussi vétuste. Une infirmière entre dans la chambre pour me faire une prise de sang et me voyant ranger mes affaires dans l'armoire, m'informe qu'il ne faut pas que je vide mon sac, que je ne reviendrai peut être pas dans cette chambre, qu'ils vont mettre une étiquette avec mon nom et garder mes affaires jusqu'à mon retour à l'étage. Je remballe mes affaires... c'est pas la joie... c'est carrément angoissant !

En fin de journée, visite de l'anesthésiste qui m'annonce que les résultats du bilan sanguin ne sont pas très bons, les plaquettes sont très basses et que vue l'intervention que je dois subir demain, c'est limite, voir dangereux. Je ne comprends pas, je lui demande des explications, elle me dit qu'avec des plaquettes aussi basses j'ai un trop grand risque d'hémoragie importante. Je sais que les plaquettes peuvent remonter très vite alors je lui dis, avec mon optimisme légendaire, que demain elles auront remonté que ça ira. Elle n'y croit pas trop mais vue mon enthousiasme, "je veux être opérée demain, je me suis préparée psychologiquement et physiquement, c'est pas possible autrement", elle accepte d'attendre avant d'annuler et de refaire un dernier bilan demain matin avant mon départ au bloc. Quelle angoisse !
Dans la soirée, une aide soignante vient avec tout un attirail et me demande si je suis prête. Prête pour quoi ? Pour le lavement ! Personne m'avait dit que je devait avoir un lavement. Super ! Bonjour la surprise. Quelle horreur !... 

Après la douche bétadinée, j'arrive malgré tout à dormir avec l'aide du calmant qu'ils donnent avant chaque intervention. Le lendemain matin, re-douche bétadinée et prise de sang comme prévue. Deux brancardiers viennent me chercher pour aller au bloc. C'est parti... je ne sais plus si j'ai peur... j'ai surtout hâte que tout ça soit fini... On m'installe sur la table d'opération, on me fixe une perfusion avec un calmant, on me demande de m'asseoir et de me courber pour faire la péridurale, l'infirmière discute gentiment avec moi pour détourner l'attention et calmer mon anxiété. L'anesthésiste était prêt à me piquer dans le dos lorsqu'un appel téléphonique ordonne de tout arrêter. Je rêve ! Je n'y crois pas... Je demande à l'infirmière qui discutait avec moi ce qui se passe, elle me répond que l'intervention est annulée car mes plaquettes sont trop basses, c'est trop risqué. Je suis complètement anéantie... C'est pas possible, je rêve, c'est un cauchemar... Je sens l'atmosphère pesante dans le bloc, tous les soignants sont désolés, embarrassés, peinés pour moi, l'infirmière me dit doucement "on aime pas du tout quand ça se passe comme ça, mais c'est mieux d'attendre pour vous, c'est beaucoup trop risqué avec des plaquettes aussi basses".

On me remonte dans ma chambre. Je ne réalise pas ce qui m'arrive, qu'est ce qu'il ce passe ? Je me suis tellement préparée pour cette opération, on me descend au bloc, on me prépare, je suis presque anesthésiée et on arrête tout d'un seul coup, comme ça ! c'est un rêve ! Je n'y crois pas... Lorsque deux chirurgiens entrent dans la chambre et me disent "nous sommes désolés madame Ferrand, on ne pouvait pas vous opérer comme ça, c'est trop dangereux, trop risqué pour votre vie... Si vous êtes d'accord nous vous proposons une autre date, le 4 décembre" Je ne peux même pas leur répondre, quoi leur dire de toute façon. Ils savent ce qu'il font, mais est-ce qu'ils savent ce que ça fait de vivre ça...