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Les nuances de blues de Cricri...
7 novembre 2014

Cinq jours de flottement avant que tout s'effondre...

flotttement...

Entre mon diagnostic et le "vrai", je ne vis pas vraiment, je flotte... Je sais sans savoir ce qui m'arrive. Mon Doudou est là et je vois bien qu'il est comme moi, il ne sait pas trop où nous allons, mais nous sentons que c'est grave. Nous sommes samedi 27 juillet, je suis dans une clinique gynéco à Brive la Gaillarde et j'attends lundi 29 (les chirurgiens sont en week-end) pour faire une coelioscopie avec annexectomie bilatérale et biopsie péritonéales multiples. En plus claire, retrait des ovaires et prélèvements pour le labo d'anatomie et cytologie pathologiques. Deux jours a attendre, avec mon gros ventre, mes doutes, mes peurs, mes questions, mes angoisses. Mon ventre est tellement gros que j'ai du mal à manger, mon estomac est compressé par l'ascite. Un interne passe me voir le matin, me regarde et me dit que je peux attendre lundi. Moi je n'en peux plus !

Lundi matin, après la douche à la bétadine, départ pour le bloc et là plus rien jusqu'à mon réveil dans ma chambre. Mon Doudou est là par chance mes filles aussi. Caroline, qui est à Paris, est en vacances et Camille est là aussi. Je ne souffre pas, juste un peu vaseuse, là et ailleurs... On me dit qu'il faut attendre mercredi pour avoir les résultats. Durant ces trois jours d'attente j'ai pas mal de visites, des voisins de Glanes, Jean-Marc et Arlette qui m'offrent un petit chat en fer avec le corp en galets, il est très mignon, il a la tête qui bouge quand on le touche. Très touchée par ce petit cadeau, je leur promets qu'il me suivra partout et qu'il me portera chance. Martine la soeur de Doudou qui a eu elle aussi un cancer des ovaires il y a une dizaine d'année. Une survivante ! (ça devrait rassurer... mais non...) La jolie Alice qui était dans le coin est venue me faire un bisou. Mon cousin Michel, très touché par ce qui m'arrive. La chambre est pleines de fleurs, une jeune infirmière toute mignonne me dit chaque fois qu'elle entre dans la chambre "ça sent trop bon ici !".

Je suis bizarre, dans un état second... Je ne peux pas m'empécher de penser à ma mère qui est morte de ce cancer en 1996. De ses souffrances, de son regard interrogatif, plein de peur et de doute... Je la revois avec son gros ventre, elle se plaignait d'avoir mal et pouvait à peine marcher. A l'époque, je ne comprenais pas trop ce qui ce passait pour ma mère, j'avais vu l'oncologue qui m'avait dit "votre maman a un cancer des ovaires très avancé, il ne lui reste que quelques mois à vivre. Mais ne lui dite pas, elle ne veut pas savoir". C'est tout ce qu'on m'a dit. A l'époque je bossais j'avais mes deux filles petites, Caro 12 ans et Camille 2 ans Jacques, le père de Camille, qui m'en faisait déjà voir... et puis un jour ma mère est morte. Avec le recul, j'ai l'impression que je ne me suis pas assez occupée d'elle, j'aurais dû être plus présente, Elle était seule, mon père est décédé quatre ans plus tôt d'un cancer de l'oesophage vite généralisé. J'étais trop absorbée par la vie et le quotidien, et je pense que je ne voulais pas voir la réalité en face, ma mère ne pouvait pas mourir, pas si vite...

Comment ne pas penser à mes parents morts tous les deux d'un cancer. Et comment ne pas penser à Jacques, le papa de ma Camille, mort également d'un cancer ORL en 2003. Camille et moi avons quitté Paris pour accompagner sa fin de vie, et nous avons bien fait. Il a été très courageux. Nous étions présentes avec lui tous les jours, il ne parlait plus, il ne mangeait plus, mais il communiquait très bien malgré tout, et je voyais le bonheur dans ses yeux lorsque sa Camille rentrait de l'école. Il a été incroyable, ne réclamait jamais rien, ne se plaignait jamais, râlait lorsqu'on lui demandait "ça va ?" ou si par malheur quelqu'un s'appittoyait sur son sort. Une super leçon de vie !
Maintenant c'est mon tour... Je n'arrête pas d'y penser. j'ai peur. Pourquoi maintenant alors que tout allait enfin bien dans ma vie. Je ne veux pas mourir maintenant, je veux vivre encore de belles choses avec mes filles et mon Doudou. Ils sont là près de moi, nous sommes tous abattus par la terrible nouvelle qui vient de tomber : Adénocarcinome papillaire séreux des deux ovaires de grade IIIc avec métastases péritonéales.

 

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Les nuances de blues de Cricri...
  • Je suis tellement heureuse d'avoir surmonté toutes ces épreuves contre le cancer que j'ai envie de les partager, pour cela je vous propose de lire mon parcours sous forme d'articles classés par catégories que vous trouverez ci-dessous.
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